06.07.2018
Clap de fin après 128 sélections en équipe nationale et 400 buts marqués: En cette fin de saison 17/18, Karin Weigelt met un terme à sa carrière sportive impressionnante. La St. Galloise de 34 ans avait débuté son parcours au LC Brühl ; durant les onze dernières années, la Suissesse a joué en Allemagne, Norvège et France. Entretien avec celle qui a été et qui restera la figure de proue du handball féminin suisse.
Karin Weigelt, tu as mis un terme à ta carrière sportive il y a à peine un mois - après 16 ans au niveau élite et onze ans à l’étranger. Comment ressens-tu ta décision aujourd’hui?
Karin Weigelt: A vrai dire, je n’ai pas l’impression de vivre quelque chose de spécial, parce que j’aurais aussi été en vacances actuellement. Je suis revenue en Suisse et cela a déclenché un processus dans ma tête. Mais c’est un peu bizarre de me dire que je n’aurai plus de préparation physique à faire.
Tu as joué en Allemagne, en Norvège et en France. Quelles expériences t’ont particulièrement marquées lorsque tu étais à l’étranger?
Karin Weigelt: Ces années m’ont beaucoup apportées. Non seulement d’un point de vue touristique et culturel, mais avant tout de par la vie de sportive professionnelle. J’ai travaillé avec énormément de personnes différentes, j’ai dû m’adapter à autant de nouvelles situations. J’ai toujours eu une vision très claire avec mes équipes respectives, et à côté de cela, je ne voulais retenir que les côtés positifs. J’ai vécu beaucoup de voyages et beaucoup d’aventures. Cette vie avec toutes ces rencontres m’ont certainement beaucoup marquées.
«En Norvège, la Suisse a souvent été confondue avec l’Autriche.»
Au moment de rejoindre une nouvelle équipe et un nouveau pays, quelle image tes coéquipières avaient-elles du handball en Suisse?
Karin Weigelt: Elles n’en savaient pas beaucoup, surtout en Norvège et en France. Mais cela ne se limitait pas au handball, c’était plus général. En France par exemple, les joueuses ne comprenaient pas pourquoi je ne parlais pas parfaitement le français. J’ai dû leur expliquer qu’il y a aussi une région germanophone en Suisse. En Norvège, la Suisse a souvent été confondue avec l’Autriche. On apprend à en rigoler au bout d’un moment. Et j’en ai souvent profité pour montrer aux autres ce que nous savons faire.
Comme une ambassadrice de la Suisse et du handball suisse en quelque sorte.
Karin Weigelt: Oui bien sûr, et de plus en plus au fil des années. J’ai remarqué que les traditions et caractéristiques typiquement suisses gagnent en importance lorsqu’on s’éloigne de la patrie. Je me suis toujours sentie proches de mes racines et cela m’a appris à vivre et faire découvrir mes traditions favorites dans les autres pays. C’était une chance énorme de pouvoir vivre les mêmes expériences dans un pays et une culture étrangère - cela m’a toujours fasciné. Grâce à ces échanges, je garderai toujours ces trois pays dans un coin de mon cœur.
L’engagement à l’étranger a donc toujours été une motivation supplémentaire pour toi?
Karin Weigelt: Je pense effectivement que je n’aurais pas joué au handball aussi longtemps si j’étais restée en Suisse. Il m’aurait manqué les défis. Rencontrer de nouvelles équipes, d’autres ligues, pays et personnes était captivant. Et c’était très motivant de pouvoir lier cette expérience au handball.
«Mes parents m’ont toujours dit que je pouvais revenir à tout moment si cela ne devait pas fonctionner.»
Lorsque tu as commencé à jouer en LNA avec Brühl, pensais-tu déjà à faire carrière à l’étranger?
Karin Weigelt: Non, en tout cas pas de manière consciente. Vroni Keller m’avait beaucoup soutenu à cette équipe, elle me poussait à faire le pas au-delà de la frontière suisse. À la Stadtwerk Cup de 2006, tout s’est accéléré: elle m’a présentée à Renate Wolf du Bayer Leverkusen, et les choses ont évolué jusqu’à ce que je dise oui. Je n’aurais certainement jamais pris cette initiative de mon propre chef. On a toujours besoin de personnes qui nous poussent, nous soutiennent et qui croient en nous. Vroni a été une personne de confiance importante durant cette phase, et elle l’est encore aujourd’hui.
Actuellement la Suisse compte plusieurs joueuses talentueuses qui caressent l’idée de tenter leur chance à l’étranger. Quels conseils leur donnerais-tu?
Karin Weigelt: Je les encouragerais à tout essayer. Les expériences qu’elles pourront vivre à l’étranger seront uniques et valent la peine. Lorsque j’ai décidé de partir, mes parents m’ont toujours dit que je pouvais revenir à tout moment si cela ne devait pas fonctionner. Mais qui ne tente rien, n’a rien. C’est pourquoi je dis à nos jeunes joueuses talentueuses: allez-y à fond, tentez votre chance! Car un jour, vous vous regarderez dans le miroir, et alors vous pourrez affirmer que vous avez tout essayé.
«Cette équipe m’a enthousiasmée!»
L’équipe nationale vient de vivre une saison mouvementée, tant positive que négative. D’abord un nouveau sélectionneur, puis la sensation contre l’Ukraine, et la fin amère contre la Croatie. Comment as-tu vécu ces derniers mois?
Karin Weigelt: Cette période a été intense. Non seulement pour moi, mais pour l’ensemble de l’équipe. Après le changement d’entraîneur, nous avons vécu un changement de mentalité et une nouvelle prise de conscience. Malgré la déception des deux défaites nettes à la fin de la saison, cette équipe m’a enthousiasmée. Nous avons montré de la volonté, nous avons tout tenté et mis toute notre énergie et nos émotions dans ces matchs. Nous nous sommes identifiées à un objectif commun et préparées en conséquence. En fin de compte, ce ne sont pas seulement les résultats qui comptent, mais aussi l’expérience commune et le sentiment que nous avons fait ce chemin en équipe.
Pourquoi as-tu choisi ce moment précis pour tirer ta révérence?
Karin Weigelt: Pour moi, c’est le bon moment, je le ressens parfaitement. Je m’étais toujours fixé comme objectif d’arrêter quand je le pourrai - et non pas quand j’y serai contrainte. J’ai pu garder mon niveau de jeu jusqu’à la fin. J’ai aussi pris cette décision par respect de mon corps. J’ai eu de la chance et très peu de blessures durant ces années - néanmoins je sens que je n’ai plus vingt ans.
Aujourd’hui tu es de retour en Suisse orientale. Quels défis t’attendent actuellement dans ta vie «post-handball»?
Karin Weigelt: L’absence de structure dans mon quotidien est un grand défi à l’heure actuelle. Durant les 16 dernières années, chaque saison, chaque jour était planifié à l’avance. Tout cela a été effacé d’un coup. C’est sympa, mais pas facile à gérer. D’un coup, j’ai perdu mon travail, mon loisir et une bonne partie de mon entourage. C’est comme un trou, une brèche qu’il faudra remplir à nouveau.
Est-ce qu’on te reverra à nouveau autour des terrains de handball?
Karin Weigelt: En ce qui concerne ma carrière active, ma décision d’arrêter est définitive. Mais le handball restera bien sûr ma passion. Toute ma vie tournait autour de ce sport. J’ai un lien très étroit avec le handball, tellement d’amis et de connaissances. C’est un réseau que j’aimerais garder intacte et entretenir. Je pourrais par exemple m’imaginer comme personne de contact et de soutien lorsqu’une joueuse souhaite partir à l’étranger.
«Je souhaite garder toute la passion et l’enthousiasme que j’ai eu la chance d’éprouver durant toutes ses années et les intégrer dans mes nouvelles activités.»
Tu voudrais que d’autres puissent profiter de tes expériences?
Karin Weigelt: J’aurais beaucoup de plaisir à transmettre mes expériences et de pouvoir conseiller en cas de besoin. Durant les dernières années, j’ai acquis un grand réseau dans le handball féminin européen. Ce sont des contacts que je souhaite garder de toute façon - et cela me permettra certainement d’ouvrir l’une ou l’autre porte.
Ce qui nous amène à la dernière question, ton futur. Tu es conseillère RP avec brevet fédéral en communication de marketing, et tu as un master en management du sport. Comment vois-tu ton futur professionnel en Suisse?
Karin Weigelt: Je suis ouverte à tout. Cela peut concerner la communication, le marketing, l’organisation d’événements ou alors quelque chose de totalement différent. Je ne me mets pas de pression, le plus important sera de trouver un travail auquel je pourrai m’identifier et que je pourrai défendre. Bien entendu, je serais ravie de pouvoir y apporter mes expériences et mon réseau. Je souhaite garder toute la passion et l’enthousiasme que j’ai eu la chance d’éprouver durant toutes ses années et les intégrer dans mes nouvelles activités.
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