16.02.2018
L’équipe suisse féminine a terminé son premier stage d’entraînement à Hochdorf sous l’égide du nouveau sélectionneur Martin Albertsen. Âgé de 43 ans, ce Danois entraîne le club allemand SG BBM Bietigheim et avait remporté le championnat allemand l’été dernier. Actuellement il est engagé dans le tour principal de la ligue des Champions féminine. Interviewé par la FSH, il livre ses premières impressions et décrit sa philosophie du handball et ses ambitions.
Martin Albertsen, vous venez de terminer deux journées d’entraînement avec l’équipe nationale suisse. Quelles ont été vos premières impressions?
Martin Albertsen: Mes impressions sont très positives après ces deux jours. Les joueuses montrent de l’ambition et veulent réussir à tout prix. Je suis confiant, non seulement pour l’équipe nationale, mais pour le handball féminin en général en Suisse. Je pense qu’actuellement il y a beaucoup de jeunes talents, nous n’avons pas à nous cacher en comparaison aux autres nations.
Aviez-vous déjà eu contact avec le handball féminin suisse avant votre engagement comme sélectionneur national?
Martin Albertsen: Je n’aurais pas pris cet engagement si je ne croyais pas en nos chances de progresser. Bien entendu, j’ai analysé la situation et remarqué qu’il y a un potentiel évident. Il y a quelques années, lorsque j’étais engagé à Viborg, nous avons rencontré le LC Brühl en tour de qualification de la ligue des Champions. Et j’ai observé beaucoup d’autres équipes de clubs lors de tournois de préparation au niveau international. Le potentiel futur existe, c’est pourquoi je m’attends à une évolution positive pour les années à venir.
«Les différentes personnalités s’entendent très bien. C’est encourageant, parce que je peux directement me concentrer sur le handball et moins sur la création d’un groupe.»
Vous avez dit que le handball féminin en Suisse ne croit pas assez en ses forces, qu’on se rabaisse inutilement. Comment faut-il comprendre cette idée?
Martin Albertsen: Oui, c’est quelque chose que j’ai ressenti durant les premiers entraînements. A Bietigheim, j’ai l’habitude de travailler avec les joueuses des équipes nationales de l’Allemagne, du Danemark ou des Pays-Bas. Je peux garantir que certaines Suissesses sont au même niveau que ces joueuses-là – mais elles ne croient pas en leurs forces, parce qu’elles n’ont jamais pu se mesurer à un niveau de club d’élite.
De manière générale, le handball féminin en Suisse est meilleur que le prétendent beaucoup de personnes. Bien sûr, cette faiblesse est faite maison, du moins en partie, parce que l’attention du public a manqué ces dernières années. Et cette croyance s’est ancrée dans la tête des joueuses.
Mais je préfère regarder les faits. Quand je vois des talents qui ont le même niveau que les joueuses allemandes ou danoises, je le dis ouvertement. Il est important que mes joueuses puissent s’autoévaluer correctement, parce que c’est une motivation supplémentaire de savoir qu’on a de bonnes perspectives dans son sport. Il ne s’agit pas du tout de mensonge ou de flatterie – je resterai toujours honnête. Mais j’ai vu beaucoup de talent ses derniers jours.
C’est la première fois que vous entraînerez une équipe nationale. Comment appréhendez-vous ce travail?
Martin Albertsen: En club, vous avez beaucoup de temps pour construire et faire évoluer une équipe. C’est différent avec une équipe nationale, c’est pourquoi il faut davantage passer par le handball ‘de base’. Avec beaucoup de petites remarques comment les joueuses peuvent s’améliorer sur le plan individuel. Mon plan est de disposer d’un concept simple pour le collectif, mais d’être avant tout en contact rapproché avec les joueuses afin de les faire évoluer en collaboration avec leurs clubs. Nous construirons une équipe forte en passant par ces qualités individuelles.
Qu’avez-vous remarqué en particulier durant ce premier stage?
Martin Albertsen: J’ai ressenti tout de suite qu’il y a une très bonne ambiance dans l’équipe. Toutes ont montré beaucoup de plaisir et de motivation à travailler. D’ailleurs, c’est ce que beaucoup de nations essaient d’atteindre – nous, on l’a déjà acquis. Les différentes personnalités s’entendent très bien. C’est encourageant, parce que je peux directement me concentrer sur le handball et moins sur la création d’un groupe. C’est une très bonne base de départ.
«Le mot d’ordre sera „être solidaire – et le danger est là où il y a le ballon“»
Quelle est votre philosophie de handball?
Martin Albertsen: J’essaie de promouvoir un handball simple, qui peut aussi être attractif. Cela implique de la vitesse, bien sûr, mais pas à tout prix. Il s’agit surtout de réduire le nombre d’erreurs. Si nous nous accordons moins d’erreurs techniques, nous aurons tout de suite plus de chances de marquer des buts.
Bien entendu, nous mettons aussi un accent fort sur la défense. Pour moi, la défense demande beaucoup de travail d’équipe et de soutien réciproque. C’est une question de mentalité d’élaborer une défense solidaire. Cela a l’air très facile en théorie. Mais en tant qu’entraîneur d’équipes féminines de longue date, je sais que ce n’est pas toujours simple à mettre en œuvre, parce que les joueuses se posent beaucoup de questions sur les suites de chacune de leurs actions. C’est pourquoi notre jeu doit rester simple. Le mot d’ordre sera „être solidaire – et le danger est là où il y a le ballon“.
Le 21 mars aura lieu le match à domicile contre l’Ukraine, votre première compétition sérieuse. Que pouvez et voulez-vous changer dans un délai si court?
Martin Albertsen: Le plus important sera de croire en nos forces. Dans leur quotidien, nos joueuses sont en contact permanent avec beaucoup de personnes différentes. Si toutes ces personnes les persuadent qu’elles n’y arriveront pas, je peux garantir une chose: On n’y arrivera pas. Nous devons à tout prix reconnaître le potentiel que nous avons à disposition. Ensuite nous mettrons l’accent sur les tâches à venir et montrerons au public à Siggenthal que nous avons une jeune génération de joueuses très prometteuses. Je promets de faire tout pour y arriver, et j’attends de l’équipe qu’elle en fasse de même.
Il s’agit donc de casser en quelque sorte la mentalité suisse?
Martin Albertsen: Non, ce ce n’est pas ce que je voulais dire. Je suis danois, je ne connais pas la mentalité suisse (rit). Mais il est évident que quand on a l’habitude de perdre, cela devient une routine. Tout d’un coup, une défaite serrée devient un succès. Mais je ne peux pas réfléchir ainsi. Une défaite est une défaite, qu’importe le score obtenu. Je préparerai et accompagnerai l’équipe toujours dans le but de gagner le prochain match. Si nous donnons tout et que nous perdons avec dix buts d’écart, nous devons accepter ce résultat. Mais nous devons toujours tout essayer pour garder une chance de gagner. Par le passé, j’ai vu beaucoup de matchs où je me suis dit: Là, il y avait une possibilité de gagner. Pourquoi ne l’avons-nous pas fait? La victoire doit devenir l’ambition primaire.
La personne
Nom: Martin Fruelund Albertsen (43)
Nationalité: Danemark
Etat civil: marié à Anne, deux enfants
Licence d’entraîneur: EHF Master Coach
Club actuel: SG BBM Bietigheim (champion allemand)
Palmarès (extrait)
Vainqueur de la Coupe danoise 2003 (Viborg HK)
Vainqueur de la Coupe EHF 2004 (Viborg HK)
Champion danois 2004 (Viborg HK)
Champion allemand 2006 (HC Leipzig)
Vainqueur de la Coupe allemande 2006 (HC Leipzig)
Entraîneur d’équipe féminine de l’année en Allemagne 2006
Participation à la finale de Coupe EHF 2012 (Viborg HK)
Vainqueur de la Coupe danoise 2012 (Viborg HK)
Participation à la finale de Coupe EHF 2017 (SG BBM Bietigheim)
Champion allemand 2017 (SG BBM Bietigheim)
Vainqueur de la Supercup allemande 2017 (SG BBM Bietigheim)
Entraîneur d’équipe féminine de l’année en Allemagne 2017
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