Knut Ove Joa: «Je déteste perdre»

Knut, bienvenue dans le handball suisse! Tu as réussi avec bravoure le premier test en tant qu'entraîneur nationale avec la victoire 33:27 face à l'Autriche cette semaine. Qu'as-tu pensé au coup de sifflet final?
C'était un sentiment très agréable, car il est toujours bon de commencer par une victoire. Les joueuses ont très bien appliqué le plan de jeu alors que nous n'avions que peu de temps de préparation, et le public de St-Gall a contribué à créer une ambiance extraordinaire. Je suis très heureuse de ce départ.

Maintenant, nous nous trouvons en Norvège, ton pays, où nous jouerons contre les actuelles championnes d'Europe samedi. Quelle circonstance!
Imaginez qu'un entraîneur suisse coache contre la Suisse - ce sera évidemment très spécial pour moi samedi dans la journée. Mais dès que le match aura commencé, ce sera un match comme un autre.

Comment aborde-t-on un tel match, dans lequel on est, sur le papier, largement dominé? Tu ne rentres pas dans les vestiaires en te disant que nous allons gagner aujourd'hui.   
Nous devons avoir une mentalité de vainqueur. Toujours, peu importe le nom de l'adversaire. Mais bien sûr, nous nous concentrerons avant tout sur nous-mêmes samedi. La Norvège est championne d'Europe en titre et pourrait même remporter ce titre avec sa deuxième garde. Nous en sommes conscients. Ce match nous aidera à nous rapprocher encore plus des équipes de classe mondiale. Et nous verrons bien ce qu'il y aura à la fin sur le tableau des résultats.

Est-ce que tu vas à nouveau donner du temps de jeu à toutes les joueuses, comme à Saint-Gall?
Oui, j'en ai l'intention. Je veux donner à toutes les joueuses l'occasion d'être sur le terrain contre la Norvège et d'acquérir de l'expérience. C'est le seul moyen pour nous de nous améliorer. La comparaison avec l'élite mondiale est importante pour nous.

Parlons un peu de toi. Ces dernières années, tu as surtout été actif au sein de la relève norvégienne. Comment es-tu devenu entraîneur de l'équipe nationale suisse cet été?
Je suis le projet du handball féminin suisse depuis longtemps. Et cet été, on pouvait entendre, par ci par là, que la fédération suisse cherchait quelqu'un comme moi. Une personne de confiance m'a alors dit que j'avais de bonnes chances. J'ai alors eu de nombreux et bons entretiens avec des personnes de la fédération et finalement, l'engagement s'est concrétisé. Je suis fier d'avoir été choisi comme entraîneur de l'équipe nationale suisse.

Qui est Knut Ove Joa? Comment te décrirais-tu en tant qu'entraîneur, mais aussi en tant qu'être humain?
Le bien-être de mes semblables est important pour moi et j'aime les écouter. Lorsque je donne quelque chose à une équipe, j'attends aussi quelque chose en retour. La loyauté et l'honnêteté sont deux choses importantes pour moi. Je ne travaille pas avec des personnes qui ne sont pas loyales et honnêtes.

Il est frappant de constater que tu mènes beaucoup d'entretiens individuels avec les joueuses ces jours-ci. De quoi discute-t-on? Et en sera-t-il de même lors des futurs regroupements?
Je veux savoir qui sont les joueuses. Je veux les connaître et elles veulent me connaître. Nous allons travailler dur sur le terrain, mais en dehors, nous voulons aussi passer un bon moment. Cela favorise l'esprit d'équipe, dans lequel chacune doit avoir confiance en l'autre. Pendant les entraînements et les matchs, j'attends un engagement et une implication à 100 pourcents. Je déteste perdre.

Comment souhaites-tu continuer à améliorer le handball féminin suisse?
Le handball féminin suisse a fait un travail sensationnel ces dernières années. On le voit aussi aux succès des équipes nationales de la relève. Nous pouvons construire sur cette base. Je viens d'un pays fou de handball, le pays de l'actuel champion d'Europe. J'ai beaucoup d'idées. Je veux maintenant voir quels apports de la Norvège je peux apporter au projet suisse afin de l'améliorer encore.

As-tu déjà assisté à des matchs de la SPL? Et comment perçois-tu la ligue suisse?
Je suis déjà allé trois fois en Suisse et depuis que la SPL a redémarré, j'ai assisté à des matchs à Winterthour et à Saint-Gall, où j'ai eu de bons échanges avec les responsables des clubs. De manière générale, le contact avec les entraîneurs de la SPL est très important pour moi. Car il y a en Suisse de nombreuses joueuses à fort potentiel. Nous devons l'exploiter. De plus, nous avons l'académie de Cham comme pièce maîtresse, dans laquelle nous profitons de conditions extrêmement professionnelles. J'en suis très heureuse.  

Le 29 novembre 2024, nous jouerons pour la première fois un match de phase finale de l'Euro sur notre sol, devant une salle que nous espérons pleine. Dans quelle mesure l'Euro 2024 à domicile est-il présent?
J'ai un plan à court et à long terme. Comment voulons-nous nous améliorer dans l'immédiat et quelles vis devons-nous tourner pour que le handball suisse puisse en profiter dans un an et au-delà? Le championnat d'Europe à domicile joue un rôle central dans les deux plans.

Question finale: tu n'as pas vu ta femme et tes deux fils depuis deux semaines. Seront-ils dans la salle samedi à Larvik et qui encourageront-ils?
Ils sont déjà tous les trois à Larvik. Ma femme est une ancienne joueuse professionnelle et elle insiste pour ne pas perturber mes préparatifs en Norvège et pour ne me voir qu'après le match. Mes enfants veulent voir papa gagner, mais espèrent bien sûr un succès norvégien (rires).

Source: Raphael Bischof (Interview), Alexander Wagner (Fotos)